Je serais capable du meilleur comme du pire pour toi... Mais je serais seulement capable du pire pour moi... [TERMINE]

Une fois rentrée de cours, j’avais vite regagné ma chambre, je profitais du fait que personne ne soit à la maison pour écrire quelques pages dans mon journal que j’avais laissé de côté depuis un petit moment. Le temps et l’envie me manquaient, et je n’écrivais pas sous la contrainte mais par nécessité et plaisir. Cependant, j’avais l’impression que ça ne servait plus à rien, pendant mon temps humaine, écrire me soulageait longtemps, j’avais l’impression que mes maux restaient sur les pages du petit carnet sans jamais les quitter pour venir me hanter, puis en tant que vampire je n’avais pas rencontré beaucoup de malheur, alors la nécessité avait disparu pour laisser place au simple sentiment d’envie d’écrire, aujourd’hui un mal me rongeait et je n’arrivais pas à m’en débarrasser, tout noter me faisait du bien sur le moment, mais une fois le journal fermé, toutes les sensations désagréables refaisaient surface, et c’était comme si je n’avais jamais rien écrit. C’était étrange, et très difficile à vivre, j’aurais aimé que Harper soit là pour m’écouter, pour m’aider, sauf que pour son bien, comme le mien je l’avais envoyé loin de moi… Je préférais le savoir en Espagne loin de John et en vie, que l’avoir auprès de moi et en danger… Alors le seul à avoir l’oreille attentive à tous mes problèmes, était ce vulgaire petit carnet… Il s’en était passé des choses ces dernières semaines, mais je n’avais rien écrit, et je dois avouer que je ne voulais toujours pas écrire… En fait, je voulais plus lire ce que j’avais écrit… Et surtout, relire la période de ma vie où j’avais détesté Harper…


Le rideau s’ouvrit une nouvelle fois et j’hurlais de douleur, essayant de cacher mon visage des rayons du soleil derrière mes longs cheveux, mais rien y faisait, je brûlais de partout, hurlant de douleur, gigotant dans tous les sens, essayant en vain de me délivrer des chaînes d’argent qui m’attachaient à la chaise. Et lorsque l’ombre régna de nouveau dans le salon du vampire je me détendis et reprenais mon souffle. Il vint ensuite en face de moi… Malgré le fait qu’il m’infligeait tout ça volontairement, il avait un regard désolé… Je le dévisageai amèrement et fis apparaître mon visage de démon avant de lui envoyé en coup de pied dans le tibia, lui arrachant à son tour un hurlement de douleur.

- Bon sang Sulpicia ! J’essaye de t’aider ! Tu ne rends pas la tâche aisée ! C’est pour ton bien tout ça ! Cracha Harper.

Je me contentais de tourner la tête et de regarder ailleurs. Je n’étais pas en colère après lui, je voulais juste qu’il me laisse partir. Je ne voulais pas de son aide, simplement qu’il me laisse tranquille, surtout que j’avais une faim de loup… Ou plutôt une soif de vampire… ça faisait maintenant trois semaines qu’il m’obligeait à me tenir tranquille et à faire revenir mon humanité, et ça faisait à peine quatre semaines que j’étais vampire… Il m’avait retrouvée dans un bar à moitié saoule de sang, entrain de patauger dans le sang de mes victimes en riant et dansant sur une musique rock… Alors il avait vite compris que j’étais une vampire qui n’avait plus rien d’humain, et il voulait m’éviter les problèmes… Sauf que c’était mon humanité qui m’apportait des ennuis.

- Sulpicia… Tu ne peux pas vivre éternellement comme ça, et à ne pas suivre les règles, tu vas avoir des ennuis avec le Conseil Magique, alors écoute moi…
- Non. Répliquai-je sèchement.
- Espèce de tête de mule ! ça va faire trois semaine que je suis sur ton cas et que je n’avance pas ! Mais qu’est-ce que tu cherches à fuir à la fin ?! Si tu me laissais comprendre, je pourrais t’aider ! Cria-t-il.
- Je ne fuis rien… Je ne cherche rien si ce n’est pas liberté.

Ma voix était lente, morne… J’étais fatiguée mais je ne comptais pas me laisser faire, je ne voulais pas retrouver ce qui était le frein de tous les vampires : les sentiments. Chez nous, tout était décuplé : la joie, le plaisir, le désir, la haine, la tristesse, la peine, la colère… Je ne fuyais rien, j’évitais justement d’avoir à fuir quelque chose… En fait, je ne me rappelais même pas si j’étais peinée de quelque chose, ça me semblait si loin… Mais je savais que je ne voulais pas vivre une peine, ou une déception… Je voulais simplement vivre tranquillement ma vie, profiter de l’éternité qui s’offrait à moi, mais j’étais là à me faire torturer par un vampire que je ne connaissais pas et qui voulait absolument me faire changer.

- Faisons un deal… Tu me parles, et je te laisse partir… Sans t’obliger à rallumer ton humanité… Tu en penses quoi ?
- J’en pense… Brûle en enfer ! Aboyai-je.
- Arg !! Mais qu’est-ce que tu veux ?!
- Partir… Aller chasser… M’amuser.
- Parle moi, et tu partiras… Je ne te demande plus que ça… Je crois que personne n’arriverait à te faire changer d’avis… Tu campes sur tes positions et tu ne bouges pas… Tu es maîtresse de ta personne et personne n’arrivera jamais à te dicter ta conduite… Je veux juste que tu me parles…
- Et parler de quoi ? Demandai-je.
- Pourquoi as-tu éteint ton humanité ? On ne fait pas ça sans raison…
- Si je réponds… Je peux partir ? Je n’entendrais plus jamais parler de toi ?
- Si tu me parles, je te promets de te laisser partir, tu n’entendras jamais plus parler de moi si c’est ce que tu souhaites…
- Tu me laisses septique… Mais je veux bien faire ce marcher…
- Bien… Mais je veux la vérité… Je t’écoute.
- Je ne veux pas souffrir, est-ce mal ? Je ne veux pas attendre de souffrir pour faire en sorte de fuir un mal qui pourrait me ronger… Je ne veux pas avoir à vivre des déceptions, à voir quelqu’un me dire non pour dire oui à un autre, je ne veux pas vivre dans l’attente de quelqu’un… Quand on est quelqu’un de bien, les personnes s’attendent à ce qu’on fasse que du bien, oubliant que nous avons tous une part de noirceur en nous… Je ne veux pas être esclave de mes sentiments ou de quelqu’un que j’aime… Je veux juste être moi… M’amuser, rire et profiter sans avoir à faire attention à d’autre… C’est de l’égoïsme pur et dur, mais je suis égoïste… Je peux y aller maintenant ?
- Et tu n’as pas peur de finir seule ?
- Je ne ressens si la peur, ni la solitude… Et c’est tellement plus simple comme ça… Maintenant que j’ai fait ma part du marché, je veux partir.
- Et vu que tu n’aimes pas qu’on te dise non… Je suppose que tu es un minimum fière…
- Je l’étais peut être… Maintenant, je n’en sais rien…
- Ne plus avoir de sentiments, ce n’est pas ne plus avoir de personnalité…
- Harper, laisse moi partir !
- C’est pathétique, vraiment… Une vampire, incapable de vivre comme un humain, incapable de vivre avec ses sentiments, pourquoi ? Parce qu’elle a peur de souffrir…
- Arrête ça… Je peux le faire, mais je ne veux pas le faire, c’est tout.
- Non, tu m’as bien fait comprendre que tu n’en étais pas capable.

Il vint me détacher en prenant des gants en soupirant et me regardant avec un certain mépris. Je lui décochai alors naturellement un regard noir, mais il n’y fit pas attention.

- En fait, je suis content que tu ne veuilles plus me voir, parce que je n’aurais pas supporté d’être en compagnie de quelqu’un d’aussi faible et lâche. Lâcha-t-il.
- Je te l’ai dit, je peux le faire… Sauf que je ne le veux pas.
- Alors prouve le moi…
- Et je fais ça comment ?
- Tu sais comment… Alors fais le ou déguerpie avant que je te chasse.

Et bien sûr… Je me laissais prendre au jeu du défi… Ma fierté, et mon besoin de relever les défis allaient être ce qui me mèneraient à ma perte… Si je devais mourir, ça serait bien à cause de ça. Après un mois à ne rien ressentir, éprouver un profond sentiment de solitude, de la haine, de la colère et de la tristesse me fit plus que bizarre. C’était douloureux, ça me semblait insupportable, j’avais l’impression que ma tête allait exploser. Je posais mes mains sur ma tête en hurlant de douleur. Harper me prit dans ses bras avant que je ne m’écroule par terre, je voulus me détacher de lui, mais il était plus fort que moi. Il essayait de me calmer, me demander dans de me focaliser sur un sentiment positif sauf que je ne trouvais pas de bon sentiment, depuis toujours j’étais malheureuse et c’était en parti pour ça que j’avais cherché à devenir vampire… Je n’avais jamais été heureuse, je ne l’étais pas et je ne le serais sans doute jamais…

Soudain, la porte s’ouvrit et Damon fit son apparition alors je refermai mon journal instinctivement. Il me regarda un petit instant avant de me demander si tout allait bien. Je souris et affirmais que j’allais bien, en lui retournant la question. Sa réponse fut tout aussi affirmative que la mienne, il venait de ramener Lilo à la maison. Je souris de nouveau et puis sortis du lit en déclarant que j’avais une petite soif. Je le laissais donc dans la chambre et descendis à la cave… Pendant mon petit trajet, je fis le compte des choses… Depuis cette période de ma vie, les choses avaient bien changé… Ma fierté et mon besoin de réussir les défis ne me mèneraient pas à ma perte, c’était mon amour pour Damon qui le ferait, sans le savoir il était capable de me dicter ma conduite même si j’avais dû mal à l’admettre, s’il voulait réellement quelque chose de moi, il l’obtiendrait, et je savais que je pourrais être heureuse si mes sentiments pour lui étaient réciproques… Mais ma père d’être déçue et de me retrouver seule étaient toujours présents… Et plus d’une fois, je me suis retrouvée à vouloir récupérer cette vie sans sentiment, où les choses étaient plus simples. Je savais qu’il suffisait que je le veuille assez pour refaire cette erreur, qui semblait pourtant être la porte de sortie de ce calvaire… Retrouver ma vie de vampire, sans douleur, sans déception, sans faux espoir… Je savais que si une autre chose devait arriver entre Damon et moi, je serais capable de redevenir la vampire que j’avais voulu être il y a de ça quatre ans… Il ne le savait pas, mais il tenait entre ses mains toute mon éternité…

Enfin,je n'espère plus... Je me suis pris trop de paire de claque depuis le début... J'attends juste le jour où toute cette histoire prendra fin, et que je retournerai dans cette ancienne vie de débauche...